J’avais plus envie de vivre avec les machines,
Plus beaucoup d’émotions le long de l’échine.
Le glas avait sonné pour bien des chimères,
Et le temps s’incrustait de joies éphémères.
J’avais des activités tristes à mourir,
Et une boule au ventre avant de partir,
Dans le petit matin gagner ma pitance,
J’allais à mon travail comme à la potence.
Je plongeais dans le jour parmi les machines,
Dans le bain où se noient les corps qui s’échinent.
Pour rester dans la course sous nos carapaces,
Nous respirions un peu la bouche en surface.
Les machines nous donnaient nos poids et nos tailles,
Nous guidaient dans les rues comme des gouvernails.
Nous aurions tout donné pour mieux les chérir,
Elles qui tuaient le temps sans jamais faillir.
Je vois autour de nous seulement des machines,
Conçues en Amérique, fabriquées en Chine.
Et tous les pas perdus dans de grands hangars,
Bien loin de nos pensées et de nos regards.
J’attends puis je m’excite sans rien espérer,
Les autres me déçoivent autant qu’ils m’effraient.
Alors que les machines calment mes tensions,
Et dévient la douleur de mon attention.
Alors pour quelque temps, une journée ou peut-être une vie,
Machine qui soigne, machine qui suit.
J’aimerais vous mettre de côté, vous laisser mourir dans les flux,
Machines qui blessent, machines qui tuent.
Machines, machines, machines,
Vous m’avez trop causé, laissez-moi dormir et penser.
Machines, machines, machines,
Je vous ai trop aimé, laissez-moi maintenant m’en aller.
Comme un cœur maladif, le moteur toussote.
La lumière décline, la machine s’emporte.
Et moi qui ferme les paupières pour m’enfuir à cette heure,
J’appuie enfin sur l’interrupteur.